30 Jan, 2019

Trop de particules fines dans les transports en commun souterrains

Métro Cité, 2013

Dans le métro, ses quais, ses couloirs, l’air est chargé en particules fines. En cause : la pollution du trafic routier qui s’engouffre dans les tunnels, les systèmes de freinage des trains, ou encore les outils utilisés pour les travaux de maintenance, qui fonctionnent au diesel. Conséquence : cinq millions d’usagers respirent quotidiennement des niveaux élevés de particules fines, et une surmortalité chez certains travailleurs, plus exposés que les passagers. Les poseurs de voie, souvent des sous-traitants, sont les plus touchés. La RATP, parfaitement au courant de la situation, ne semble pas pressée d’agir, malgré les mises en garde de différentes autorités sanitaires et des syndicats. Enquête et article de Nolwenn Weiler , 28 janvier 2019. Attrapé dans Bastamag.

Certains conducteurs de métro parisiens sont inquiets pour leur santé, et pour celle de leurs voyageurs. En cause : la qualité de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines, très chargé en particules fines. Leurs collègues du RER, qui emmènent les voyageurs d’une banlieue à l’autre, partagent leur préoccupation. Une récente étude menée par la Régie autonome des transports parisien (RATP) auprès de ses agents révèle des taux moyens d’exposition aux particules fines très supérieurs aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Sur les quais et dans les couloirs du métro, ces taux oscillent entre 91 et 207 micro-grammes(µg)/m³ d’air pour les particules de diamètre inférieur à 10 microns (µ) (les PM10) [1]. Soit un niveau deux à quatre fois supérieurs au seuil critique : selon l’OMS, il ne faut pas dépasser les 50 µg/m³ plus de trois jours par an, car ces particules sont capables de pénétrer et de se loger profondément à l’intérieur du système respiratoire.

« L’exposition chronique aux particules contribue au risque de développer des maladies cardiovasculaires, respiratoires, et des cancers pulmonaires », alerte l’OMS, rappelant que les particules dont le diamètre n’excède pas 2,5 µ (les PM 2,5) sont si fines qu’elles peuvent franchir la barrière pulmonaire et se retrouver dans la circulation sanguine. La limite à ne pas dépasser – toujours plus de trois jours par an – pour ces particules encore plus fines est de 25 µg/m³. On est là encore bien au-delà dans le métro parisien, puisque 80 % des mesures effectuées auprès des agents RATP en 2017 sont comprises entre 48 et 108 µg/m³ d’air !

Les émissions s’envolent aux heures de pointe

D’où viennent de telles concentration de particules ? Elle sont d’abord issues de l’air urbain extérieur – pollué par la circulation automobile – qui pénètre dans les enceintes souterraines. Ces particules proviennent aussi du diesel utilisé lors des travaux de maintenance nocturnes. Autres sources de diffusion : les systèmes de freinage des métros et RER. « La friction entre les freins et les roues, et entre les roues et les rails libère d’importantes quantités de particules », détaille François-Xavier Arouls, conducteur de métro et secrétaire du syndicat Solidaires RATP. Aux heures de pointe, quand les trains sont chargés et leurs cadences élevées, les systèmes de freinage sont très sollicités et les émissions de particules s’envolent.

« Les chiffres que nous avons sont des moyennes, qui cachent parfois des chiffres bien plus élevés, souligne François-Xavier Arouls. Sur la ligne 8, on est à 208 µg de PM10 par m³. C’est plus de quatre fois les normes préconisées par l’OMS !  » Les conducteurs ne sont pas les seuls exposés : les agents de manœuvre – qui préparent les trains pour les départs –, les contrôleurs qui circulent entre les rames et sur les quais et les personnes aux guichets le sont pendant toute la durée de leur travail. Idem pour les agents de sécurité, ou chargés de l’organisation des transports. Soit plusieurs milliers de personnes concernées par cet environnement de travail très pollué. Sans oublier les usagers, exposés ponctuellement mais régulièrement, à ces taux élevés de particules.

« C’est la première fois qu’un gouvernement refuse de nous recevoir à ce propos »

Étrangement, « il n’existe pour l’heure aucune norme en matière de particules dans les espaces souterrains », avance la RATP, qui estime par ailleurs que la qualité de l’air dans ses espaces souterrains est « globalement bonne ». « Quand on échange avec nos dirigeants sur la qualité de l’air, ils brandissent sans cesse le code du travail qui affirme que dans les locaux « à pollution spécifique », on peut être exposés à 5000 µg/m³ pendant huit heures », proteste François-Xavier Arouls.

Pour contrer cet argumentaire, et tâcher de protéger les agents RATP, les syndicats réclament la mise en place d’une norme plus restrictive, alignée sur les recommandations de l’OMS qui défend des seuils limite 100 fois moins élevés. « Les poumons des travailleurs ne sont pas différents de ceux des autres citoyens », argumente Patrick Rossi, secrétaire fédéral santé au travail de la CFDT, engagé de longue date sur cette question de la qualité de l’air dans le métro. Du côté des autorités sanitaires nationales, on réclame une nouvelle norme depuis près de vingt ans [2]. Sans succès.

En 2016, la CFDT a même saisi le Conseil d’État pour demander l’abrogation de l’article R 4222-10 du code du travail, qui définit cette norme des 5000 µg/m³. Leur demande est rejetée, au motif que le gouvernement a commandé à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) un rapport pour lui permettre de revoir cette norme. « Le Conseil d’État a donc reconnu que l’on avait besoin d’une nouvelle norme, analyse Patrick Rossi. Mais nous sommes sans nouvelles du fameux rapport qu’est censé fournir l’Anses. Le ministère du Travail ne répond pas non plus à nos questions. D’ailleurs, c’est la première fois qu’un gouvernement refuse de nous recevoir à ce propos. »

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21 Jan, 2019

Natural Disasters Caused $160 Billion in Damage in 2018

Published at the Yale School of Forestry & Environmental Studies – January the 8th 2019

Natural disasters caused $160 billion in economic damage worldwide in 2018, dominated by costly wildfires in California and tropical storms in the United States and Asia, according to a new report from the reinsurance giant Munich Re. California’s Camp and Woolsey fires alone caused losses of $21.7 billion, $16.5 billion of which was insured.

Overall, insurance companies paid out $80 billion in claims for damage from natural disasters last year, down from 2017’s $140 billion, but double the 30-year average. California’s wildfires accounted for nearly one in every $4 insurance companies paid out in disaster claims in 2018, Reuters reported.

“Losses from wildfires in California have risen dramatically in recent years,” Ernst Rauch, the chief climatologist at Munich Re, said in a statement. “At the same time, we have experienced a significant increase in hot, dry summers, which has been a major factor in the formation of wildfires. Many scientists see a link between these developments and advancing climate change.”

Rauch told Reuters that the mounting costs bring into question whether people can continue to build in high-risk wildfire areas without protective measures, such as more fire-resistant materials.

Twenty-nine natural disaster events in 2018 caused more than $1 billion in damage each. Tropical cyclones caused $57 billion in damage last year, much of it from hurricanes Michael and Florence that hit the United States and typhoons Jebi, Mangkhut, and Trami in Asia.

A severe drought in Europe that set off major wildfires and agricultural losses caused $3.9 billion in damage last year. But Munich Re reports that just a small fraction of this damage, $280 million, was covered by insurance companies since farmers in Europe don’t typically purchase policies for drought

12 Déc, 2018

ToxicDocs: The largest database on industrial poisons – some 20 million once-secret industry and trade association documents concerning the health hazards of toxic chemicals, such as asbestos, lead and polychlorinated biphenyls (PCBs.)

Reviewed by James Ives, MPsychDec 12 2018

Johnson & Johnson, the world’s largest health care products maker, is in the midst of more than 10,000 lawsuits claiming that its iconic baby powder is linked to cancer. In July, a verdict by a Missouri jury awarded 22 women $4.6 billion in a lawsuit against the company, supporting their claim that talcum powder caused their ovarian cancer. The case is under appeal.

At issue in that litigation, as in many other cases, is whether the talc-based powder contains asbestos, a known carcinogen, and if the company was aware of the alleged cancer risk for decades and sought to suppress evidence rather than warn consumers.

Now, a powerful resource at Columbia University has opened areas of inquiry about the corporate and regulatory histories of these companies. ToxicDocs is a database of some 20 million once-secret industry and trade association documents concerning the health hazards of toxic chemicals, such as asbestos, lead and polychlorinated biphenyls (PCBs.)

« This material provides a peek into the government agencies responsible for regulating toxic chemicals and the inner workings of major firms that manufactured and sold toxic substances and the products containing them, » said David Rosner, the Ronald H. Lauterstein Professor of Sociomedical Sciences at Columbia Mailman School of Public Health and a professor in the Department of History. « It is the right of the public to know which industries knowingly profited from public health hazards. »

ToxicDocs, which launched earlier this year, is free and open to all. Its collection consists of discovery documents from myriad lawsuits that were made public once they were introduced in court but were extremely hard for the general public to access. The data includes internal memos, unpublished scientific studies, planning reports for public relations campaigns, meeting minutes and presentations–some dating back to the 1920s–related to the introduction of new products and chemicals into workplaces and commerce. The companies represented in the database range from a small brake manufacturer to multinational giants like J&J and Monsanto

The three-person ToxicDocs team consists of Rosner; Gerald Markowitz, Distinguished Professor of History at John Jay College and the Graduate Center, City University of New York; and Merlin Chowkwanyun, the Donald H. Gemson Assistant Professor of Sociomedical Sciences at Mailman, who spearheaded the effort to index and digitize the materials. Rosner and Markowitz, who began collaborating in the 1980s, have written books about occupational and environmental disease and testified as expert witnesses in dozens of cases on behalf of plaintiffs exposed to industrial toxins. They have spent decades accumulating boxes and boxes of company records.

« We had access to millions of documents uncovered in litigation over toxic chemicals, but they were impossible to sift through, » said Rosner, who co-directs the Center for the History and Ethics of Public Health at Mailman, which maintains ToxicDocs with Columbia’s history department and CUNY.

12 Déc, 2018

Vendre sans conscience ne fonctionne plus.

Une étude d’Edelman Intelligence montre que les deux tiers des consommateurs français (65%) choisissent d’acheter ou de boycotter une marque pour ses prises de position. Ce qui n’était hier qu’un simple avantage devient aujourd’hui une obligation. Pour exister, croître et embellir, une société se doit d’être aux prises de positions sociétales. Voilà le principal enseignement de l’étude Earned Brand 2018 menée dans huit pays par le cabinet d’études et d’analyses Edelman Intelligence auprès de 8000 personnes en ligne et de 32 000 sondés sur mobile. Les chiffres de cette enquête ont de quoi donner à réfléchir aux dirigeants qui essaieraient encore de jouer la carte du « business as usual » en refusant de s’impliquer dans la vie de la société.

Une lame de fond

Près des deux tiers des consommateurs français (65%) choisissent aujourd’hui d’acheter ou de boycotter une marque pour ses prises de position. Plus intéressant encore, ce chiffre a bondi de quinze points par rapport à l’année dernière. Oui vous avez bien lu : quinze points. Autre enseignement : « Cette tendance était jusqu’alors surtout présente auprès des millennials urbains, informés et CSP + mais elle touche aujourd’hui toutes les couches de la société et toutes les classes d’âge », remarque Amélie Aubry, la directrice du Brand Marketing d’Elan Edelman « Chez les 55 ans et plus, le nombre de personnes qui choisissent une marque en fonction de ses convictions a augmenté 17% en un an. Cette hausse est de 16% pour les revenus moyens et de 8% pour les plus défavorisés ».

L’occasion fait le larron

Le cabinet d’études et d’analyses américain a rangé les degrés d’engagement sociétaux des marques en trois catégories principales. Les premières ont un objectif bien défini (« purpose »). Elles souhaitent remplir une mission et l’affirment haut et fort comme Danone qui se revendique être le spécialiste de l’alimentation pour la santé. L’introduction l’an prochain du plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises (PACTE) va encourager les compagnies à prendre de tels engagements car ce texte prévoit de modifier le Code civil et le Code de Commerce afin de permettre aux sociétés qui le souhaitent de se doter d’une raison d’être dans leurs statuts.

D’autres groupes profitent d’une actualité pour prendre position. Lorsque la Commission Européenne a décidé d’interdire certains produits en plastique à usage unique, certaines multinationales comme McDonald’s et Starbucks ont réagi en affirmant qu’elles allaient retirer immédiatement de leurs points de vente leurs pailles en plastique. Nature & Découvertes a, pour sa part, choisi de détourner le Black Friday cette année en demandant à ses clients de venir voter, dans ses magasins, du 19 au 25 novembre, en faveur de quatre associations qui défendent la biodiversité (Sea Shepherd France, Longitude 181, ASPAS et la Ligue de protection des oiseaux). Pour chaque voix, l’enseigne s’engageait à verser un euro à une association.

Entreprises activistes

« Il existe enfin les entreprises activistes qui sont très rares en France mais beaucoup plus nombreuses aux Etats-Unis », constate Amélie Aubry « C’est le cas notamment de Patagonia qui lutte contre la surconsommation et critique ouvertement Donald Trump ». Ces sociétés qui portent leurs valeurs comme un étendard se savent clivantes mais elles séduisent les consommateurs qui veulent changer la société. Plus de la moitié des personnes interrogées dans le monde (54% vs 49% en France) considèrent ainsi que les marques peuvent faire plus que les gouvernements pour résoudre les problèmes sociaux. Dans l’hexagone, 48% des sondés jugent qu’il est plus facile d’amener les entreprises à prendre en charge les questions sociétales que d’obtenir une action de la part des pouvoirs publics dans ce domaine. 37% des consommateurs français disent même que les sociétés ont des idées plus pertinentes que le gouvernement pour résoudre les problèmes de leur pays. Mais les bonnes intentions ne sont pas toutes suivies d’actes.

« Nous sommes aujourd’hui à un carrefour des paradoxes », analyse la directrice du Brand Marketing d’Elan Edelman « Les gens veulent plus d’informations sur les étiquettes des produits qu’ils achètent mais ils souhaitent moins de packaging. Ils sont en faveur du bio mais refusent de payer davantage pour ces références. Ces problèmes sont très compliqués à résoudre pour les marques et ils ne devraient pas disparaître du jour au lendemain. Bien au contraire. L’implication sociétale des entreprises est une lame de fond qui va devenir de plus en plus mainstream ». Vous voilà prévenus… Article d’Influencia

15 Oct, 2018

Le destin de la médecine à l’époque de l’IA

Très bel article du Lancet sur l’intelligence artificielle et la médecine

Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui d’être un médecin ? Est-ce toujours une discipline que nous pratiquons lorsqu’une machine sait mieux que nous le diagnostic, le traitement ou le destin de notre patient ? Serons-nous toujours la main qui rassure par la parole et le soin ? Il reste difficile de prédire quand l’intelligence artificielle (IA) deviendra si puissante qu’elle devancera les êtres humains. Certains voient ce jour arriver bientôt et les prévisions extrêmes voient disparaître des disciplines entières comme la radiologie ou la dermatologie, remplacées par l’IA. La vérité est beaucoup moins claire. La perspective de l’IA est une tache de Rorschach sur laquelle beaucoup transfèrent leurs rêves technologiques ou leurs angoisses
L’article à lire dans le Lancet – October 11, 2018

15 Oct, 2018

The cost of ignoring the warning signs – EEA publishes ‘Late Lessons from Early Warnings, volume II’

New technologies have sometimes had very harmful effects, but in many cases the early warning signs have been suppressed or ignored. The second volume of Late Lessons from Early Warnings investigates specific cases where danger signals have gone unheeded, in some cases leading to deaths, illness and environmental destruction.

The first volume of Late Lessons, published in 2001, was a ground breaking report detailing the history of technologies subsequently found to be harmful. The new 750-page volume includes 20 new case studies, with far-reaching implications for policy, science and society.

Case studies include the stories behind industrial mercury poisoning; fertility problems caused by pesticides; hormone-disrupting chemicals in common plastics; and pharmaceuticals that are changing ecosystems. The report also considers the warning signs emerging from technologies currently in use, including mobile phones, genetically modified organisms and nanotechnology.

The historical case studies show that warnings were ignored or sidelined until damage to health and the environment was inevitable. In some instances, companies put short-term profits ahead of public safety, either hiding or ignoring the evidence of risk. In others, scientists downplayed risks, sometimes under pressure from vested interests. Such lessons could help avoid harm from emerging technologies.  However, five of the stories illustrate  the benefits of quickly responding to early warnings.

The world has changed since the first volume of Late Lessons was published. Technologies are now taken up more quickly than before, and are often rapidly adopted around the world. This means risks may spread faster and further, the report says, outstripping society’s capacity to understand, recognise and respond to these effects in time to avoid harm.

The report recommends the wider use of the ‘precautionary principle’ to reduce hazards in cases of new and largely untested technologies and chemicals. It states that scientific uncertainty is not a justification for inaction, when there is plausible evidence of potentially serious harm.

Such a precautionary approach is nearly always beneficial – after analysing 88 cases of supposed ‘false alarm’, report authors found only four clear cases. The report also shows that precautionary actions can often stimulate rather than stifle innovation.

Key recommendations

  • Science should acknowledge the complexity of biological and environmental systems, particularly where there may be multiple causes of many different effects, the report says. It is increasingly difficult to isolate a single agent and prove beyond doubt that it causes harm. A more holistic view taking many different disciplines into account would also improve the understanding and prevention of potential hazards.
  • Policy makers should respond to early warnings more rapidly, the report says, particularly in cases of large scale emerging technologies. It proposes that those causing any future harm should pay for the damage.
  • Risk assessment can also be improved, the report says, by embracing uncertainty more broadly and acknowledging what is not known. For example, ‘No evidence of harm’ has often been  often misinterpreted to mean ‘evidence of no harm’ when the relevant research was not available.
  • The report calls for new forms of governance involving citizens in choices about innovation pathways and risk analysis. This would help to reduce exposure to hazards and encourage innovations with broader societal benefits. Greater interaction between business, governments and citizens could foster more robust and diverse innovations at less cost to health and the environment.