Lactalis, épisode 6: pointé du doigt, le gouvernement se défend

Que savaient les services du ministère de l’Agriculture? Aucune anomalie n’avait été décelée en septembre dans l’usine Lactalis de Craon lors d’un contrôle sanitaire partiel qui portait sur un seul atelier de l’usine, affirmait mercredi une responsable du service Alimentation au ministère de l’Agriculture.

« L’inspection, comme l’ensemble des activités d’inspection de ce type, portait sur un seul domaine d’activité de l’usine: en l’occurrence, un nouvel atelier de mélange à sec de céréales » a affirmé la responsable, à la suite d’un article du Canard Enchaîné mettant en cause la qualité des contrôles sanitaires menés dans cette usine, où des salmonelles ont été découvertes. Le contrôle a donné lieu à un rapport d’inspection adressé à la direction de Lactalis, « qui n’a relevé aucune non conformité » dans l’atelier en question, a indiqué la même source.

L’inspection a été menée sous l’autorité du Préfet par les services de la Direction départementale en charge de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP), qui réfèrent à plusieurs tutelles: le ministère de l’Agriculture lorsqu’il s’agit de produits d’origine animale (lait) et le ministère de l’Economie lorsqu’il s’agit de produits infantiles, a précisé la même source.

Des « auto-contrôles »

« Comment les contrôleurs s’y sont-ils pris pour ne détecter en septembre aucune salmonelle, alors que l’on sait aujourd’hui, après enquête, que l’usine était infectée depuis février au moins? » s’interrogeait un expert en sécurité sanitaire des aliments, cité de façon anonyme dans le Canard Enchaîné mercredi.

La responsable du ministère de l’Agriculture a par ailleurs noté que d’autres contrôles, ayant repéré des salmonelles sur du matériel de nettoyage et sur les carrelages mais pas sur l’appareil de production et qui dataient du mois d’aout et de novembre, « relevaient vraisemblablement d’auto-contrôles menés par l’entreprise elle-même ».

Le ministère de l’Agriculture « n’a pas eu connaissance » de ces résultats, a ajouté la responsable. « Dans ce cas, il y a une obligation de notification de résultat aux autorités de l’Etat dès lors qu’une non-conformité a été décelée sur un produit mis sur le marché », a précisé la responsable. Lactalis avait évoqué ces deux contrôles le 10 décembre dernier.

La question qui reste en suspens désormais est donc de savoir si les services de la DDCSPP de la Mayenne avaient été informés des résultats des auto-contrôles. « Je n’ai pas cette information (…) C’est l’enquête judiciaire qui le déterminera », a dit la responsable du ministère. « Ce qui nous préoccupe, c’est qu’il n’y ait pas de mise sur le marché de produits dangereux », a-t-elle ajouté. « S’il y a eu dissimulation, fraude ou tromperie, la justice le déterminera, et là ce serait inacceptable et condamnable, mais à ce stade, on ne peut rien dire » a-t-elle ajouté.